La GAM se félicite que le CNM se soit emparé de la question du modèle de répartition des revenus sur le streaming.
Alors que les artistes du monde entier, notamment en France, sont privés de scène depuis près d’un an, la faiblesse de leurs rémunérations numériques se fait encore plus criante : revenus dérisoires sur les plateformes de streaming audio et vidéo, absence de modèle économique sur le live streaming, baisse des revenus sur les diffusions audiovisuelles, rémunérations insignifiantes des chaînes de la TNT ou des plateformes de replay…
Pour rappel, les plateformes de streaming musical (Spotify, Deezer, etc.) distribuent actuellement leurs revenus aux ayants droit en fonction de leurs parts de marché (Market Centric PaymentSystem – MCPS) et non en fonction de ce que l’abonné écoute réellement (User Centric Payment System – UCPS). Le système actuel produit des effets regrettables : il n’invite pas à la transparence et profite exagérément aux genres de musique écoutés intensivement par un public jeune.
La GAM avait rédigé un livre blanc en 2019 pour questionner ces deux modes de répartitions et avait conclu, à l’instar des études pré-existantes au Danemark, en Norvège et en Finlande, qu’un modèle centré sur l’utilisateur permettrait un partage de la valeur plus équilibré entre toutes les catégories d’artistes, et notamment au profit de ceux qui ne sont pas écoutés de manière intensive. Le modèle UCPS inviterait ainsi à plus de transparence dans sa gestion et offrirait une relation artiste-public plus liée, car l’argent de l’abonné irait vraiment aux artistes qu’il écoute.
Le CNM a voulu évaluer à son tour l’impact d’un changement de mode de répartition des revenus sur le streaming avec pour ambition d’objectiver au mieux un débat qui agite l’industrie musicale depuis une décennie. Cette étude, menée avec des données de Spotify et de Deezer, prouve bien que l’UCPS «limiterait l’effet de fléchage des revenus vers les écoutes réalisées par les utilisateurs intensifs». Elle apporte donc l’éclairage attendu sur la torsion injustifiée et injustifiable imposée par le modèle actuel du MCPS. Malheureusement les conclusions que le CNM en tire ne reflètent pas assez ce résultat, puisqu’il n’anticipe pas la croissance du marché et donc l’impact avantageux que le passage à l’UCPS aura en valeur sur la rémunération des artistes mais aussi sur la diversité musicale.
En effet, le marché du streaming en France, qui n’est aujourd’hui pas encore aussi développé qu’à l’étranger, a une très forte marge de croissance. A mesure que le marché grandira, l’impact de l’UCPS sera de plus en plus conséquent en valeur pour des milliers d’artistes et notamment sur ces artistes entre le 11e et le 10 000e rang : des écarts de + de 20% sur certaines esthétiques seront tout à fait significatifs dans 5 à 7 ans.
Par ailleurs, la stratégie court-termiste des labels de se concentrer sur des audiences rémunératrices en MCPS aura un impact négatif à long-terme sur l’équilibre du back catalogue.
C’est pourquoi nous continuons de penser que le fléchage des revenus en fonction de l’utilisateur devrait être une nécessité pour éviter que des écarts continuent de se creuser et pour garantir la diversité des genres musicaux. C’est bien ce que l’étude du CNM nous démontre avec prudence et nous invitons l’industrie musicale à poursuivre ces travaux d’observation et de projection.
La GAM remercie le Président du CNM et les équipes de l’Observatoire de la musique d’avoir mené à bien cette première étude et encourage toutes les plateformes de streaming, sans exception, à s’engager dans les travaux de transparence et d’amélioration de la rémunération des artistes.
Nous demandons que le sujet du user centric continue d’être observé rigoureusement et que la question plus globale du partage de la valeur entre les plateformes de streaming, les producteurs phonographiques et les artistes de la musique trouve enfin une résolution qui permette aux artistes de vivre dignement de leur musique.
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